Après un premier compte rendu, je continue sur ma lancée avec quelques mots encore sur les stands, les invités et plusieurs spectacles.
Poursuite de la visite des allées
A part le bus Kazé, les stands éditeur ne m'ont pas paru tellement tape à l'oeil dans le Hall 6 mais c'était plus la folie des grandeurs en bifurquant vers le Hall 6, où le traditionnel Naruto gonflable a déménagé, avec un Kyûbi enfermé dans sa cage.
One Piece était en bonne position, avec le Chopper géant en plus du bateau et des multiples activités annexes.
La palme revient aux jeux vidéos, où même si je n'ai rien suivi, je pouvais difficilement rater l'armada Nintendo avec les courses de Mario Kart et les tournois de StarCraft de l'autre côté de l'allée. J'ai fait moins attention au dispositif Ankama en revanche.
Pour revenir au Hall 5, le stand Tokyo Movie Shinsha a retenu mon attention, avec un accent mis sur 2 de leurs licences, leur éternel Lupin III mais aussi Brave 10, qui me parait beaucoup moins connu.
J'ai l'impression que le secteur regorgeaient de boutiques japonaises, plus ou moins spécialisées. Des stands situés dans la partie culture avaient un rayon avec des objets traditionnels puis des cartons entiers avec des goodies de japanimation.
C'était amusant de croiser des vendeurs qui ne parlaient pas un traitre mot de français ni d'anglais, mais ils n'avaient aucun mal à communiquer par geste.
L'année dernière, j'avais eu du mal à trouver l'espace Nico Nico mais cette année, il était situé le long du jardin intérieur, bien visible. Ils proposaient une transmission permanente et les visiteurs souvent cosplayés étaient conviés à rejoindre le plateau à tour de rôle.
Le stand était à côté des différents organismes touristiques ou linguistiques, où l'atmosphère était plus calme. Un peu plus loin, vous trouviez les différents clubs d'arts martiaux ou les activités culturelles, des jeux aux tambours japonais.
J'ai trouvé le programme de la scène culturelle moins diversifié que d'habitude, mais de bonne facture. Certes, certains passages étaient du déjà vu, notamment pour la présentation des armures et les tambours japonais, mais je loue l'effort de renouvellement et aussi la qualité des interventions. J'ai suivi en pointillé mais il n'y avait plus ce problème d'éclairage qui empêchait de voir ce qui était projeté à l'écran et les intervenants savaient rythmer leur exposé pour le rendre vivant.
A la fin la journée, une session proposait de suivre la conception d'un casque de samouraï sur les 4 jours. En fait, la démonstration concernait une toute petite partie du casque, qui nécessite 3 mois de travail en tout, quand l'amure complète demande une année entière. Après, vous comprenez mieux pourquoi de tels ensembles sont vendus plusieurs milliers d'euros à l'unité.
Le présentateur invitait les spectateurs à le rejoindre sur la scène pour voir sa progression de plus près. Un des membres de l'autre groupe qui présentait les armures suivait assidument la démonstration.
J'ai assisté à une séance, où il devait appliquer une peinture et des feuilles d'or mais il a rencontré un problème technique imprévu. En arrivant en France, les douanes ont refoulé la peinture spéciale qu'il comptait utiliser et la peinture achetée en remplacement dans une enseigne célèbre était beaucoup moins adaptée, en séchant trop rapidement. Il a du se contenter se montrer le résultat final et a fini par distribuer au public les feuilles d'or qu'il ne pouvait pas appliquer.
Dans un stand non loin de là, avec un matériel moins traditionnel mais fonctionnel, un forgeron faisait quelques initiations au travail du métal.
Toshio Maeda, le maître de la tentacule
L’une des curiosités de cette édition 2012 a été la venue de Toshio Maeda, le mangaka de titres hentai tels qu’Urotsukidoji ou la Blue Girl, et inventeur des premières scènes avec tentacules, une des caractéristiques japonaises par rapport à aux bande dessinées érotiques d’autres pays.
L’auteur s’est exprimé au public en anglais pendant toute sa conférence - interdite aux moins de 18 ans - où il est revenu brièvement sur ses débuts, en préambule. Encore très jeune, il s’est familiarisé avec les techniques du manga, et il a rapidement décidé de devenir professionnel. Originaire d’Osaka, il rejoint Tôkyô, où il devient d’abord assistant, choisi parmi 400 postulants. L’auteur qu’il seconde, lui demande en fait de dessiner quasiment l’intégralité de ses planches et Toshio Maeda doit même faire les personnages.
A 20 ans, après 3 ans à trimer, il obtient de publier officiellement un manga en son nom, où il reste cantonné dans un rôle de dessinateur. Sa carrière professionnelle est lancée mais il reste dans des genres classiques, de seinen d’action à shônen comique. Il conçoit enfin un manga complet, en signant aussi le scénario, à 24 ans.
Le marché du shônen est important mais la concurrence entre jeunes talents dans ce secteur est très rude et l’auteur s’est donc lancé sur un registre plutôt adulte, pour finalement dessiner dans une revue à caractère érotique, au milieu de sa carrière.
La loi japonaise encadre tout ce qui concerne la pornographie et interdit de montrer un certain nombre de choses, d’où les pixels sur les parties génitales mais cela allait encore plus loin à l’époque : Il était interdit de montrer un homme et une femme en train de se toucher pendant l’acte sexuel, d’où l’habitude de représenter en général la femme seule.
L’éditeur de la revue Manga Erotopia était très strict à ce sujet et Toshio Maeda a connu le cas d'un éditeur qui avait supervisé un mangaka qui avait transgressé ces règles, et qui avait du passer 20 jours en prison à cause de cela.
Historiquement, c’est ainsi que le mangaka explique la trouvaille des tentacules, qui lui permettait de contourner la loi, étant donnée qu’il ne s’agissait pas de sexe mais de choses.
Toshio Maeda a développé ce thème pendant sa conférence : Avant l’arrivée des occidentaux au XIXème siècle, de telles images ne choquaient pas la société japonaise mais la mentalité à évolué après. Il y a eu une petite évolution depuis ses débuts, avec des lois moins dures, qui autorisent désormais le dessin des poils pubiens, tout en ayant en parallèle le décret pris dans Tôkyô qui interdit la vente des mangas les plus obscènes aux adolescents.
A ce sujet, il a rappelé la fronde des auteurs contre cette loi l’année dernière, mais lui-même ne se sent pas viser directement, voire approuve une telle disposition. En se mettant à la place des parents, il considère que la distribution de certains titres hardcore devrait effectivement être limitée, alors qu’il considère que ses propres productions sont plutôt soft.
Un fan lui a d’ailleurs demandé à distance s’il allait se remettre à publier des histoires plus osées. Pour lui répondre, Toshio Maeda a rappelé qu’il avait eu un accident de circulation, qui a nécessité de la rééducation et qu’il se considère toujours en convalescence. Il pense se lancer dans des titres plus hardcore, quand il se sentira mieux.
Pour revenir aux lois de la société japonaise, Toshio Maeda a mis en lumière l’absence complète de réglementation concernant la violence, mais il s’en félicite car c’est son fond de commerce. Il aime les atmosphères de chaos, où ses personnages montrent leur véritable nature. Il va même jusqu’à élevé cette violence permanente en terme de concept : L’exagération est telle que le lecteur est forcé de conclure que les protagonistes ne peuvent pas être si mauvais. Toshio Maeda n’hésite pas à comparer ses travaux à ceux de Miyazaki, où au-delà de la forme, diamétralement opposée, l’objectif de dévoiler la nature humaine est semblable.
Le mangaka déteste les récits manichéens et les happy ends hollywoodiens, et il apprécie à ce propos des films français, qui présentent une ambiguïté. Son Urotsukidoji est un titre très simple et direct en surface, avec moult tentacules, mais pour lui, il y a d’autres choses à découvrir dans son manga.
Uniquement dans le manga, car dans l’anime, l’équipe a uniquement repris le concept des monstres et l’hyper violence, en occultant les subtilités que Toshio Maeda trouve à son manga.
A ses débuts, le mangaka a été fortement influencés par les comics américains, dont des auteurs talentueux pour plonger les lecteurs dans des atmosphères glauques. Il a aussi découvert le magazine Pilote mais aujourd’hui, il ne regarde plus de bandes dessinées mais il préfère lire des romans en anglais.
Il s’est souvenu d’une anecdote avec une journaliste australienne venue l’interviewer chez lui. Elle avait été très étonnée d’y trouver une bibliothèque rempli d’ouvrage de médecine, de philosophie et même de politique. Sans doute s’attendait-elle à voir du Penthouse partout et comme quoi, l’habit ne fait pas le moine.
S’il est évidemment célèbre pour ses productions érotiques, Toshio Maeda embrasse d’autres genres en parallèle. Il écrit des scénarii, entre autres, pour des mangas pour les femmes et les enfants. Cela reste du manga donc il n’y voit pas de différence fondamentale. Il est crédité sous son nom habituel, sauf pour les titres pour jeunes filles, où il ne veut pas qu’elles sachent ce que l’auteur produit par ailleurs.
Toshio Maeda avait pris un petit stand en marge des éditeurs et je l’ai souvent aperçu là bas, en tout cas plus souvent que Motto Hagio dans son pré carré, dont les horaires de présence était affichés mais limités.
Un mangaka fan de M.M.A. parmi les invités
Tetsuya Saruwatari, l’auteur de Tough et Free Fight est passé à deux reprises sur la scène Japan Expo, une première fois pour une conférence et la suivante pour une master class. Dans la première session, tout le public pouvait poser des questions, tandis que dans la deuxième séance, le privilège était réservé à vingtaine de personnes pré sélectionnés, sensées être aussi dessinateurs et porter sur des sujets plus technique.
J'ai condensé les deux interventions en un seul compte rendu.
Tetsuya Saruwatari est autodidacte et s’est formé sur le tas en devenant assistant auprès d’un auteur qui faisait déjà un manga de combat. Aujourd’hui, il existe des formations et de nombreux ouvrages pour devenir mangaka mais à son époque, les supports disponibles étaient très limités.
Son ascension a été cependant très rapide et après seulement 1 an et demi, il a pu avoir son propre titre. Il a du être très polyvalent pendant ses mois d’apprentissage et il a acquis un grand savoir faire dans tous les secteurs traditionnels de la conception d’un manga. Un exemple de sa maîtrise transparait dans ses couvertures peintes à l’acrylique. Sa faiblesse reste cependant l’usage de l’outil informatique.
Il exige de ses assistants qu’ils soient aussi polyvalents et l’infographie fait partie intégrante du processus de fabrication, que ce soit pour le tramage ou pour assembler les planches finales. En effet, Tetsuya Saruwatari dessine les personnages alors que ses assistants montent les décors en même temps, de leur côté.
Un autre point faible est le dessin des personnages féminins, qu’il essaie d’introduire dans ses récits de combats, avec plus ou moins de réussite. Il essaie de sortir de son genre baston, avec une touche plus romantique.
Il espère que son dessin s’améliore au fil des ans, ce qui lui fait toujours préférer ses travaux les plus récents par rapport aux plus anciens.
Le mangaka vit aux horaires décalés, en commençant ses journées de travail dès 15h jusqu’au petit matin. Il est un adepte du travail rapide et pour fournir un ordre d’idée, s’il a une heure de travail devant lui, il se donne dix minutes pour finir ses premiers dessins, afin de les peaufiner par la suite. Actuellement, il a déclaré avoir un rythme de publication pépère, soit 80 pages par mois, ce qui est la moyenne des mangaka. Récemment, il avait encore une 2ème série en parallèle et sa production montait à 120 pages par mois, et son record quand il était plus jeune, a été de 300 pages par mois. Cependant, avec un tel rythme déraisonnable, à force d’accepter tous les travaux, il est tombé malade.
A cette occasion, il a aussi découvert que la mise au repos forcée est toute relative. Bien que convalescent, il a du au moins produire le squelette des planches pour ses assistants.
Pour représenter les prises et les différentes clefs, Tetsuya Saruwatari fait appel à son cadre d’amis, qui sont dans le milieu du sport de combat, et ils sont invités à les reproduire en vrai. Il travaille aussi sur photo. Les prises les plus spectaculaires sont en fait impossibles à réaliser en vrai, et le mangaka s’en rend compte pendant ces essais.
Grand fan de Mix Martial Arts ou M.M.A., Tetsuya Saruwatari est fier d’être introduit dans le secteur, bien qu’il ne soit pas pratiquant. Il aussi une grande passion pour le catch et glane souvent des histoires dans les coulisses, qu’il partage, ce qui lui vaut d’être cité comme source d’information dans un magazine spécialisé.
Au-delà de l’aspect technique, le public a voulu en savoir plus sur le fond des histoires et des personnages avec l’auteur. Quelqu’un a demandé s’il envisageait de représenter son personnage fétiche à un âge plus avancé, après l’avoir dessiné adolescent puis adulte. Tetsuya Saruwatari ne l’envisage pas, mais il laisse la porte ouverte à une nouvelle relation maître disciple.
A l’origine Though devait être un manga de baston entre voyous, mais à la demande de l’éditeur, Kiichi est devenu le digne héritier d’une lignée d’experts en arts martiaux.
Pour son inspiration, il s’appuie sur un art martial réel dérivé du kenjutsu, l’art du sabre. Le mangaka a aussi adopté la tendance actuelle des M.M.A. où les protagonistes maîtrisent plusieurs techniques de combat, au lieu de représenter une seule école.
Il est aussi revenu sur certains choix narratifs, tels que la mort prématurés de plusieurs protagonistes qui servent de mise à l’épreuve pour ses héros ou la place de choix concédée à Oton, le père de Kiichi, qui eu droit à un spin-off. Tetsuya Saruwatari aime beaucoup ce personnage, en s’identifiant quelque part, en tant que père lui aussi, et il a voulu partager cette préférence avec son public.
D’autre part, le choix d’associer des animaux à certains combattants a été uniquement guidé pour aider le lecteur à reconnaître rapidement les personnages.
D’une manière générale, l’auteur a une idée vague de l’histoire, prévoit très peu d’éléments et se laisse porter par son élan.
Il aussi dit quelques mots sur les histoires courtes en fin de volume, où il se détend à mettre en scène Kiryu de manière ridicule, à contre courant du personnage fier et intransigeant qu’il est, dans l’histoire.
Pour une séance de dédicaces, l'auteur a pris possession du ring de catch installé dans le Hall 6, où se sont déroulées tour à tour des séances d'initiation mais des combats entre professionnels, dont plusieurs avec les Triple Tails S., des catcheuses japonaises. La foule autour était dense pendant ces combats, alors que le ring était excentré par rapport au reste du festival.
N'oublions pas le cosplay
Dans un tout autre genre, Japan Expo est aussi le cadre des principales compétitions de cosplay dans l'année, notamment la sélection française des World Cosplay Summit, dont nous célèbrons déjà les 10 ans en 2012. Les concurrents concourent à deux et le couple lauréat participent à la finale internationale à Nagoya.
Le niveau des costumes et des prestations est au dessus de la moyenne pendant le show, d'autant plus qu'une présélection a déjà lieu avant qu'ils ne défilent sur la scène principale.
Et pendant ce temps là, au Live House...
Je finis l'article avec quelques concerts, et tout d'abord les Momoiro Clover Z, qui ont fait des showcases jeudi et surtout le vendredi, où l'annonce d'une nouvelle adaptation anime de Sailor Moon a été faite. Elles chanteront le nouveau générique. Kodansha célèbre les 20 ans du manga et les spectateurs au Live House ont eu droit à un duplex en direct du Japon avec les actrices. En revanche aucune image n'a filtré pendant le concert.
Plus sympathique de mon point de vue, nous avons assisté au trop court concert du compositeur Kohei Tanaka, accompagné par Junko Iwao. Le duo a commencé fort en entamant des reprises de Yakusoku wa Iranai, le générique de début d'Escaflowne et de Zankoku na Tenshi no Thesis, celui d'Evangelion, sur un rythme jazzy. Plus dans son propre répertoire, le compositeur a chanté lui-même des génériques de One Piece, dont We Are ! et le dernier en date We Go ! Je me souviens aussi d'un générique de Sakura Taisen.
mackie a dit
beau compte-rendu, c'est là aussi que je me rends compte de tout ce que j'ai raté ! la faute à mon côté newbie, sans doute. l'année prochaine je serai mieux organisé.
Dans Japan Expo 2012 – Compte-rendu plein de..., il a été dit
[...] Liens divers : Plein de gens ont causé de Japan Expo donc je ne vais pas tout citer, mais pour faire la suite de la partie 1 et le lien avec ce que je raconte : Pazu a continué à sur Animint son compte-rendu et parlé notamment de la conférence du Tentacle Ma.... [...]
kenran a dit
Bel article en effet.
N'ayant pu assister au dernier jour de samurai no kokoro (dédicace hemenway) je voudrai savoir comment ont été assemblées les parties hautes du casque (elles étaient maintenues temporairement par des vis).
Merci
yoh a dit
Il n'est pas revenu sur cette partie le dernier jour. Il a assemblé la partie basse (cf les photos avec les plaques trouées recouvertes d'or)
kenran a dit
Merci yoh. Je pense que pour la partie haute il utilise des rivets et pour la démo s'était un peu lourd.
Plus d'infos (une bible) sur la fabrication d'armures : http://www.sengokudaimyo.com/katchu/katchu.html